Ostéo Paris15 et Asthme.
En France, 3.5 millions de personnes sont asthmatiques. L’asthme est donc un problème de santé publique touchant une population à la fois large, et souvent jeune. La prise en charge de cette maladie doit être pluridisciplinaire afin d’être efficace.
Nous nous interrogeons alors sur la place de l’ostéopathie dans le traitement de l’asthme : quelle est son approche thérapeutique ? Pour quels résultats ?
Pour répondre à ces question, trois ostéopathes spécialisés dans l'approche du traitement ostéopathique des asthmatiques (Lou ROUSSEL, Mouhamed GHOTEIMI et Laura PIERRE) nous livrent leur analyse sur le traitement de l'asthme en ostéopathie.
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Qu’est-ce que l’asthme ?
L’asthme est une maladie inflammatoire et chronique des bronches. Elle se déclare à tout âge, apparaît, disparaît ou persiste avec une variabilité imprévisible. Elle se manifeste sous forme de crises, au cours desquelles on observe une respiration difficile (difficulté à expirer principalement) ou de toux. Dans les cas les plus grave, les crises peuvent nécessiter une hospitalisation. Notons cependant, qu’entre les crises la respiration est normale.
L'asthme est la première maladie chronique chez l’enfant. A ce titre, l'ostéopathie a une action préventive importante dès l'enfance, permettant de mieux tolérer symptômes de de l'asthme de l'enfant.
L'ostéopathe pourra, tout au long de la croissance de l'enfant, suivre et aider l'organisme à mieux s'adapter à cette pathologie.
Que se passe t-il lors d’une crise d’asthme ?
L’asthme provoque une réduction du diamètre des voies aériennes, elle-même due à deux mécanismes distincts :
L’inflammation de la paroi des bronches provoque une sécrétion de mucus qui réduit l’espace de passage de l’air dans les poumons.
Une contraction des muscles qui entourent les bronches (le rôle des bronches étant de protéger les poumons des agents et agressions extérieures).
L’asthme va être à l’origine d’une inflammation qui va induire un épaississement de la paroi bronchique ainsi qu’une hypersécrétion de mucus provoquant un rétrécissement du calibre des bronches. Ceci va diminuer le flux d’air pulmonaire et donc induire une difficulté respiratoire.
Cette cascade de manifestations au sein des bronches va empêcher le passage de l’air et provoquer les symptômes de la crise d’asthme.
Les symptômes de la crise d’asthme
La crise d’asthme est l’épisode aigu d’un asthme chronique. Suite à l’inhalation d’allergènes ou de manière spontanée, les alvéoles pulmonaires sont congestionnées brutalement par du mucus, ce qui induit une détresse respiratoire importante associée à une forte angoisse.
L’asthme est caractérisé par des épisodes récidivants de difficultés respiratoires, d’essoufflements, de toux nocturnes, de sifflements expiratoires ainsi que par une sensation d’oppression thoracique.
En état de crise, le patient asthmatique, éprouve des gênes respiratoires plus au moins importantes: des oppressions respiratoires , un essoufflement accompagné éventuellement d’une toux sèche, la respiration devient sifflante, une expiration laborieuse nécessitant un effort de plus en plus important. L’intensité et la durée de ces crises peuvent varier considérablement d’un patient à l’autre en fonction de la sévérité, de l’âge de début, des facteurs déclenchants…
Les symptômes de l'asthme sont donc très variables d’une personne à l’autre et peuvent s’aggraver lors d’un effort physique ou durant la nuit. Ils peuvent survenir sous les formes suivantes :
sensation d’oppression thoracique
respiration sifflante
toux sèche
essoufflement
fatigue diurne
Les causes de l’asthme
Généralement multifactorielles, les principales causes sont :
Les allergènes (aux pollens, à la poussière, aux acariens, aux poils d’animaux, au graminées, aux aliments, aux médicaments). L’allergie est aujourd’hui est l’une des principales causes de l’asthme;
Génétique;
L’asthme est une pathologie multifactorielle impliquant différentes interactions :
Prédisposition génétique
Allergènes (acariens, pollen, squames des animaux de compagnie…)
Facteurs environnementaux (pollution, produits chimiques, fumée de tabac, froid…)
Cette pathologie est due à une hypersensibilité des bronches face à un stimuli : fumée, froid, pollen, poils d’animaux de compagnie, substances chimiques…
Les atteintes pulmonaires telles que la bronchite ou la grippe et les infections virales (sinusites) peuvent également être source du déclenchement d’une crise. Une faiblesse pulmonaire étant déjà existante, l’arrivée de la crise est favorisée.
La bronchiolite chez les nourrissons est également un facteur favorisant du déclenchement de l’asthme. Ainsi, un nourrisson ayant connu des bronchiolites durant sa petite enfance aura plus de chance de développer de l’asthme durant l’enfance.
Certaines professions amènent à un contexte environnemental favorisant l’asthme. C’est le cas par exemple des coiffeurs, des boulangers et pâtissiers des employés de nettoyage, des employés des travaux publiques, des employés de parfumerie, des employés auprès d’animaux, des peintres, des menuisiers qui sont en contact avec des produits chimiques, des poussières, des poils, de la farine…
Dans certains cas, à la suite d’un bilan médical, il est conclu que l’environnement de travail influence sur la pathologie et donc l’asthme est dit professionnel. Des indemnités peuvent parfois être perçu par les travailleurs.
Le diagnostic de l'asthme
L’asthme va se diagnostiquer à l’aide d’une Exploration Fonctionnelle Respiratoire (EFR). Cet examen va permettre l’évaluation de la capacité respiratoire via différents indicateurs tels que la qualité des échanges gazeux entre air et sang, le volume d’air maximum pulmonaire etc.…
L’EFR pourra se faire via différents outils d’examen telle que la spirométrie, la gazométrie, la pléthysmographie ou encore les épreuves d’exercices.
Dans la majorité des cas, l’asthme est d’origine allergique. C’est pourquoi un bilan allergologique peut être proposé afin d’identifier les allergènes en cause dans le but de procéder par la suite à une désensibilisation. Ainsi il sera plus facile d’éviter de rentrer en contact avec l’allergène concerné et de mettre en place un traitement adapté.
Comment traiter l’asthme ?
L’examen de référence est l’épreuve fonctionnelle respiratoire. Elle permet à la fois de faire le diagnostic de l’asthme, d’observer sa sévérité et d’assurer par la suite sa surveillance.
La radiographie thoracique des poumons, en dehors des crises, ne montrera pas d’anomalie. Cependant elle est réalisée systématiquement afin d’éliminer d’autre pathologie ou de mettre en évidence des complications de l’asthme.
La thérapeutique actuelle ne parvient pas à guérir l’asthme. Toutefois, elle permet de diminuer voire de supprimer les symptômes ainsi que les épisodes de crise. Le traitement le plus répandu est le bronchodilatateur (exemple : Ventoline) permettant une dilatation rapide des voies aériennes. Il existe également des traitements de fond comme les anti-inflammatoires bronchiques et les anticholinergiques.
Les traitements médicamenteux ( alliant un traitement de fond et un traitement de crise), doivent être obligatoirement accompagné de mesures hygiéno-diététique (éviction de l’allergène, sevrage tabagique…).
- Le traitement de fond se présente la plupart du temps sous forme d’anti-inflammatoires, corticoïdes inhalés ou d’anti-leucotriènes. Il va permettre de limiter la fréquence d’apparition des crises d’asthme et leur sévérité.
- Le traitement de crise lui va être la prise de bronchodilatateurs. Ceux-ci vont avoir un effet rapide afin de limiter les symptômes de la crise.
L’hygiène de vie du patient est en effet primordiale. La pratique régulière d’une activité sportive est vivement conseillée.
La prise de tabac chez les asthmatiques est bien évidemment déconseillée car celui-ci va rendre moins efficace le traitement.
L'asthme ne se guérit pas totalement. Ainsi même s’il est possible que les signes de la pathologie disparaissent lors de la puberté, il existe souvent une rechute à l’âge adulte.
La kinésithérapie respiratoire, l’éducation thérapeutique du patient, l’acupuncture, et bien sûr l'ostéopathie ont une place dans la prise en charge de l’asthme.
La prise en charge ostéopathique de l’asthme
Le patient asthmatique va avoir une fonction respiratoire limitée, ceci aura des répercussions principalement sur les muscles inspiratoires et expiratoires, sur la mobilité de la cage thoracique mais également sur tout le système viscéral et cranio-sacrée. Notons par ailleurs que ces troubles musculo-squelettiques de la respiration ne sont pas clairement traités par les traitements médicamenteux.
Le traitement pharmaceutique aura une action directe sur l’inflammation bronchiques et sur les symptômes asthmatiques.
Le traitement ostéopathique quant à lui, prendra en compte le côté mécanique de la pathologie en apportant un gain de mobilité. Il va permettre de diminuer les contraintes de l’asthme sur le système musculosquelettique et tissulaire mais il aura également une action bénéfique sur l’ampliation thoracique et la capacité respiratoire.
La prise en charge aura pour but de diminuer les adhérences tissulaires liées à la crise d’asthme. Pour cela différentes approches pourront être utilisées (articulaire, tissulaire, vasculaire, crânien…).
Grâce à une multitude d’outils thérapeutiques, des techniques douces et adaptées, l’ostéopathe peut améliorer la qualité de vie de son patient de manière significative.
Les principaux objectifs sont :
Réduire les tensions musculaires et tissulaires;
Améliorer l’ampliation thoracique et la capacité respiratoire;
Soulager les douleurs articulaires, notamment thoraciques.
Pour cela, l’application de techniques spécifiques et variées permet de :
Redonner une mobilité satisfaisante à la cage thoracique (c’est-à-dire les vertèbres thoraciques, les cotes et le sternum);
Equilibrer les poumons et le médiastin (ou partie antérieur du thorax);
;Travailler sur le diaphragme ainsi que sur les muscles afin de diminuer leur contracture
Obtenir une décontraction du diaphragme et des muscles respiratoires secondaires;
Soulever les restrictions de mobilité du rachis cervical;
Libérer les tensions tissulaires de la gaine viscérale du cou (ou partie antérieure du cou);
Harmoniser l’axe cranio-sacré et libérer la sphère crânienne;
Équilibrer le bassin et la ceinture scapulaire Stimuler le système neurovégétatif et lymphatique.
En diminuant les restrictions mécaniques et tissulaires de la cage thoracique, l’ostéopathie pourra aider le patient à déployer moins d’efforts lors de la respiration.
L’ostéopathie apporte une réponse mécanique dans la prise en charge du patient asthmatique. Par diverses techniques, l’ostéopathe peut accéder aux structures anatomiques impliquées, de manière directe ou indirecte, dans l’asthme.
Ainsi le traitement optimise la mobilité globale du corps, réduit les tensions tissulaires et musculaires, soulage les contraintes articulaires, équilibre la sphère crânienne et stimule le système nerveux et lymphatique.
Il permet une amélioration de la capacité respiratoire, une diminution voire une suppression des symptômes et une sensation de bien-être du patient.
En bref ...
L’ostéopathie sera complémentaire de la prise en charge allopathique. Elle favorisera d’avantage l’efficacité du traitement médicamenteux en permettant une meilleure mobilité de la cage thoracique et des tissus environnants.
Une prise rigoureuse du traitement médicamenteux et une bonne hygiène de vie sera importante afin de limiter au maximum la survenue d’une crise.
Des étirements et des exercices de respirations pourront être conseillés dans le but d’une détente musculaire des muscles respiratoires.
Les conseils de vos ostéopathes
Pour entretenir les effets de la consultation ostéopathique, voici quelques conseils :
Limitation du contact avec les allergènes;
Bonne utilisation des bronchodilatateurs;
Bain de vapeur d’inhalation avec ou sans huiles essentielles (exemples : huiles essentielles de Khella ou de Camomilles);
Phytothérapie (exemples : tussilage, millepertuis);
Yoga (au moins une fois par semaine);
Ostéopathie et kinésithérapie;
Etirements musculaires (exemple : grand pectoral, SCOM);
Activité sportive régulière;
Arrêt du tabac;
Alimentation adaptée (exemples : limiter le sel, les produits laitiers);
Aérer régulièrement votre chambre, même lors de pics de pollution pour les citadins;
laver régulièrement les draps à température élevée (60°C), éviter les moquettes, favoriser les housses anti-acariens
Éviter le stress ou, à défaut de pouvoir supprimer les sources de stress, en atténuer les effets.
Et bien évidemment toujours garder son traitement à portée de main. Aujourd’hui, l’asthme bien contrôlé, permet au patient de mener une vie normale.
https://www.reflexosteo.com/actualites/traitement-naturel-de-l-asthme-l-osteopathie-215